Brèves de post-confinement : Et concrètement, comment gérer cette «nouvelle normalité»? Questions & réponses de dirigeants…

05/2020 | Article

Et concrètement, on fait comment à partir du 11 mai ? Belle question sur laquelle planchent en ce moment tous les dirigeants. Or le monde de demain n’est plus celui d’avant le confinement, mais pas non plus celui du confinement qui avait le mérite de générer un certain confort, avec son cocon protecteur et ses règles strictes édictées par l’Etat.

Nous entrons dans une « nouvelle normalité » dont les règles du jeu, les repères et les rituels sont à (re)construire par chaque Organisation puis à reconfigurer au fil de l’eau… bienvenue en haute incertitude, donc en grande complexité ! Oubliez vos croyances, vos procédures et vos habitudes… expérimentez, observez, actualisez, itérez Exit la pensée analytique linéaire dominante qui sépare et rationnalise, adoptons la pensée systémique, en boucle, qui relie (c’est le bon moment pour relire Edgar Morin !)… Car une décision prise dans un domaine a immédiatement un grand nombre de conséquences dans d’autres, sans que l’on puisse prévoir ni même imaginer lesquelles.

Ayant animé de nombreux ateliers ces derniers jours sur ces problématiques, je suis heureuse de partager avec vous les interrogations des dirigeants avec lesquels j’ai eu le plaisir d’échanger, reflets de leurs doutes et de leurs peurs… leurs premières pistes aussi, et puis mes principes-clés…car autour d’un bar, même virtuel, on s’en dit des choses, souvent plus authentiquement qu’autour d’une table de Comité de Direction.

  • Les questions… et les peurs sous-jacentes des dirigeants d’entreprises et d’Organisations publiques
    • Comment faire pour que les salariés (re)viennent travailler sur site avec sérénité le 11 mai?
    • Comment bien retravailler pendant les mois qui viennent (retrouver un bon niveau de productivité)?
    • Comment retrouver un rythme sans tomber dans le burnout? Car certains n’ont pas bénéficié d’un jour complet de repos ni de tranquillité en 7 semaines…
    • Comment recréer un collectif, redonner de l’envie et de l’inspiration?
    • Comment réembarquer tout le monde? En particulier les « relégués par manque d’outils ou de contraintes parentales » & ceux dont les sujets n’étaient plus prioritaires ? Comment faire avec ceux dont les fonctions sont apparues très inutiles ? Et les métiers dévalorisés d’avant qui sont devenus si importants ?
    • Comment capitaliser sur ce qu’on a mis en œuvre pendant le confinement, sans retomber dans nos travers d’hier?
    • Comment remettre nos managers intermédiaires « dans le jeu» après les avoir « by passés » en travaillant directement avec leurs collaborateurs ?
    • Comment faire avec nos propres peurs et celles de nos équipes? Car les sondages nous indiquent que 2/3 des français ont peur de ce déconfinement… certains ne veulent pas retourner au bureau… quand d’autres ne rêvent que de cela pour échapper enfin à l’enfermement solitaire, aux charges familiales, quand ce n’est pas à leur conjoint ! Il semblerait ainsi que 40% d’entre nous opteraient la prochaine fois pour un confinement solitaire et que 10% envisagent de se séparer… Car cette crise, comme les autres, agit en révélateur, telle une loupe grossissante des comportements & des émotions préexistantes, latentes.

 

 

  • Les pistes de solution pour naviguer en haute incertitude

Face à tant de questions, les pistes de solution sont nombreuses et finalement plutôt similaires d’une discussion à une autre, d’une Organisation à une autre ; tant le bon sens et le pragmatisme semblent avoir soudainement saisi bon nombre de dirigeants assoupis ces dernières années dans le confort de leurs habitudes, de leurs croyances ou de leurs lâchetés. Voici donc pêle-mêle quelques bonnes pratiques et postures à retenir. Je vous fais grâce ici des solutions mises en œuvre pour assurer la sécurité sanitaire des salariés tant celles-ci sont maintenant connues et largement diffusées dans les médias.

  • « Faire le deuil du monde d’avant» ;
  • « On ne va pas pouvoir continuer en mode gestion de crise = directif, il faut que l’on soit vraiment à l’écoute et participatif» ;
  • « De l’humilité, de la confiance en soi et en nos équipes»
  • « Des réunions courtes, fréquentes & efficientes avec tout le monde à l’heure et un processus à suivre» ;
  • « Du télétravail évidemment, plus fréquent, plusieurs jours par semaine quand c’est possible» ;
  • « Des procédures simplifiées, allégées, de la dématérialisation» ;
  • « De la communication ciblée, incarnée et personnalisée» ;
  • « Oser dire que l’on ne sait pas ou que notre décision pourra être modifiée, voire inversée si nécessaire» ;
  • « Continuer à donner de l’autonomie & à valoriser les rôles utiles» ;
  • « Expérimenter & (se) donner le droit à l’erreur» ;
  • « Mailler exigence & bienveillance».

 

Et quelques principes-clés fondés sur plus de 20 ans de pratiques et d’études de la « navigation en haute incertitude »

  • Les données d’hier sont fausses, celles d’aujourd’hui très incertaines & celles de demain inexistantes;
  • En conséquence, acceptons de ne pas savoir, prenons notre lampe-torche et explorons, expérimentons, observons ce qui se passe dans le réel et recommençons, visons l’adaptabilité plutôt que l’excellence;
  • Arrêtons de vouloir tout prévoir, budgéter, contrôler, « reporter» ;
  • Pour autant, fixons quelques repères dans la tempête et communiquons régulièrement dessus: une raison d’être mobilisatrice, si possible porteuse d’une utilité forte et d’un monde meilleur, dotée d’une histoire authentique et incarnée, des stratégies dynamiques, c’est-à-dire des priorités sur lesquelles chaque salarié pourra s’aligner ;
  • Privilégions des organisations en flottille de petits bateaux plutôt qu’en mode paquebot;
  • Souvenons-nous que la peur est plus contagieuse que le Covid-19 et qu’en la matière rassurer fait peur, faire parler rassure;
  • Enfin quelques devises qui me sont chères à partager en trinquant avec vos collègues ou pour les jours de grande détresse: « On ne peut agir que sur ce qui dépend de soi », « Derrière chaque contrainte se cachent au moins deux opportunités »… et, quoi qu’il en soit, « C’est celui qui fait qui a raison ».

Bon déconfinement à toutes et à tous… et à bientôt autour d’un vrai comptoir !