Voyage au pays de l’Agilite

05/2017 | Article

Voici le premier d’une série d’articles visant à vous faire découvrir le pays de l’Agilité. Encore une invention marketing penseront certains, un truc à la mode de consultants pour d’autres.

Tout d’abord, soyons clairs, je ne suis pas une consultante mais un entrepreneur (pas facile à féminiser ce mot-là !), plutôt coach sur les bords, et « profiler » de talents. Un entrepreneur qui accompagne depuis 20 ans d’autres entrepreneurs, des dirigeants, des managers et leurs équipes.

Jusque-là tout va bien, mais qu’irais-je faire dans cette galère agile ? Et c’est quoi ce pays de l’Agilité ?

Avant d’en faire un pays à visiter, considérons qu’il s’agit d’un mot-valise dans lequel chacun projette ses représentations, ses expériences quand il en a et ses fantasmes. Pêle-mêle citons : réactivité pour ceux qui adorent passer à l’action au pied du mur (parfois très près du mur !), capacité de s’adapter à son environnement pour les plus neutres, excès de flexibilité pour les plus inquiets, manifeste historique et mode de projet pour les initiés au SCRUM.

Contrairement à certaines idées reçues, le mode agile n’est PAS un fonctionnement désorganisé, sans cadre, dans lequel chacun ferait ce qui lui semblerait pertinent en fonction des événements, et si possible à la dernière minute. Ainsi certains dirigeants me disent parfois fièrement : « Moi mon entreprise elle est agile parce qu’elle est super réactive, on passe nos journées à éteindre des incendies et à courir partout » Mouais… probable que l’hyperactivité soit préférable à l’immobilité, mais à quel prix pour les personnes ? quelle durabilité ?

L’agilité est la capacité à se reconfigurer rapidement & efficacement sans se déstabiliser pour réagir aux distorsions & aux opportunités

Pour nous (Alexandre Boyer et moi-même), l’agilité est la capacité d’une Organisation à se reconfigurer rapidement & efficacement, sans se déstabiliser, pour saisir les opportunités & réagir aux distorsions. Elle nécessite des méthodes et des postures spécifiques, et surtout repose sur une culture bien différente des Organisations traditionnelles.

Mais en quoi serait-ce un « pays »? Justement parce que l’on y parle une langue différente, que les us & coutumes y sont spécifiques. Notre expérience nous a démontré qu’il ne s’agit pas seulement d’apprendre la langue et d’en acquérir quelques attributs pour être capable d’en décrypter la culture et de la vivre… de même qu’apprendre le mandarin et porter des cols Mao ne suffiront pas pour vous permettre de vivre comme un chinois et d’en intégrer la culture.

Alors dans quels cas s’intéresser à cette nouvelle contrée ? Tout le monde doit-il la visiter d’urgence ? Le paradigme de l’agilité est une réponse à la complexité. Flûte… encore un mot-valise à définir ! Pour le dire autrement : si vous considérez que vous-même, votre entreprise, évoluez dans un univers compliqué… l’agilité n’est pas (encore) pour vous. Démonstration ci-dessous…

 

 

A la lecture de ce schéma, beaucoup de dirigeants nous disent : « Nous percevons notre environnement comme incertain, changeant (en accélération), interactif (effet papillon) donc complexe… mais nous continuons de fonctionner en mode compliqué ! ». Evidemment cela génère des dysfonctionnements de tous ordres : retards et/ou surcoûts pour la mise en marché des nouveaux produits, perte de parts de marché, baisse de la performance et de la rentabilité, épuisement des équipes (RPS…), désengagement, etc.

Au-delà de ces constats, je me suis pour ma part intéressée aux us & coutumes de l’Agilité en explorant une question restée quelques années sans réponse : Considérant la vitesse d’évolution de notre environnement et la lenteur des Organisations à se transformer, comment opérer pour éviter d’enchaîner des transformations périmées à peine entamées ? A question compliquée cette fois, réponse simple : en se transformant un peu à chaque fois que cela s’avère nécessaire, ou pour le dire autrement en se reconfigurant en temps réel. Oui mais comment ? C’est à cet endroit précis que les méthodes et les postures agiles amènent des éléments de réponse imparables et uniques. Car en agilité, les salariés sont des vigies engagées au service d’une raison d’être commune. Ils se synchronisent chaque semaine pour partager les opportunités et les distorsions observées et ils ont toute autonomie pour réagir au plus vite, dans les rôles qui sont leur sont affectés.

 

En Agilité, exit les fiches de fonction poussiéreuses rangées aux oubliettes de l’organisation & les moutons à 5 pattes                   

Car en Agilité, exit les fiches de fonction poussiéreuses rangées aux oubliettes de l’organisation (objectivement, qui relit sa fiche de fonction chaque semaine pour guider son action ?), exit les moutons à 5 pattes contraints, au final, de prioriser les activités pour lesquels ils sont compétents ou particulièrement contrôlées par leur patron… En Agilité, les rôles et les équipes se reconfigurent aussi souvent que nécessaire en fonction des nécessités internes et externes de l’Organisation.

Mais ceci est une autre histoire que nous aborderons notre prochain article : « L’Agilité : tribus, faune, flore & climat ».